Dès 10h du matin, un petit cortège se rassemble devant le lycée Jean Baptiste Dumas. Une cinquantaine de lycéens et des personnes en lutte partent donc rejoindre la manifestation appelée devant la permanence du député Verdier, ramassant quelques poubelles au passage. Plusieurs secteurs en grève sont déjà sur place. On voit les drapeaux des cheminots, une banderole de Merlin Gerin (Schneider Electric), des employés des Télécom, quelques profs…
Des personnes préparent une chaîne de poubelles en les attachant entre elles, les prises de parole commencent. L’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires d’Alès) lit un communiqué répondant publiquement au sous-préfet: en effet, suite à la manifestation de mardi 17 mai, la sous-préf avait convoqué les syndicats pour non respect d’un parcours déposé. Le communiqué est assez clair, l’intersyndicale a refusé de rencontrer le sous-préfet car « nous ne voyons pas pas ce que nous aurions à dire au représentant de l’Etat. Il connaît fort bien notre position: nous exigeons le retrait pur et simple de cette loi des patrons! ». Les syndicats y affirment également qu’ils ne seront « jamais les « supplétifs » [du gouvernement] pour cadenasser la contestation sociale ». En ces temps de tensions avec les services d’ordre, cette prise de position des unions locales est enthousiasmante et à saluer.
« Grève générale, contre la loi travail !»
A l’intérieur de l’immeuble, la porte du bureau du député Verdier est aspergée de purin. La manifestation s’ébranle, on est assez nombreux, entre 800 et 1000. Beaucoup de slogans, de pétards sont lancés et les poubelles servent de tambours. Des tags recouvrent rapidement quelques murs et des écrans de distributeurs de billets, des oeufs de peintures sont jetés en direction des banques, d’une boutique de Bouygues, etc. Quatre policiers de la BAC remontent la manifestation pour aller emmerder la tête de cortège. Cette provocation est rapidement remarquée, un attroupement se forme autour d’eux aux cris de « Cassez vous! », « Tout le monde déteste la police! ». Quelques flics viennent en renfort mais les manifestants sont déterminés à les virer, les quelques syndicalistes présents leur signalant qu’ils ne sont effectivement pas les bienvenus. Débarrassée de ces parasites, la manifestation reprend. Quelques personnes lancent « Nous somme tous des casseurs ».
A l’arrivée devant la sous-préfecture, une petite charge bon enfant de la banderole de poubelle bouscule une voiture de police. Une prise de parole encourage à intensifier le rapport de force et à se montrer offensifs en sortant des sentiers battus. Des manifestants lancent « On s’arrête pas, on continue! » et « Tous ensemble ». Quelques 200 personnes se dirigent vers le rond point du Mac Do pour bloquer la circulation. On installe des barricades de poubelles, des sandwichs arrivent. On est déterminés à ne pas s’arrêter là, même si le rassemblement s’étiole petit à petit. Des personnes ramènent des pneus pour renforcer le blocage, petit écho aux différentes actions ayant eu lieu ces derniers jours partout en France. La police tente d’arrêter quelques personnes à coup de balayettes par exemple (croche-patte qui vaudra un bras cassé à une camarade), mais de nombreux manifestants l’en empêchent. Les baqueux reçoivent les pneus devenus subitement projectiles, ainsi que quelques pierres. Les flics commencent à s’équiper de casques et de boucliers. Les pneus s’enflamment, projetant une épaisse fumée noire qui permet aux manifestants de reformer rapidement un cortège et de partir continuer ailleurs.
Une centaine de personne partent en manifestation sauvage, une vingtaine de flics aux fesses. La circulation est de nouveau perturbée, des poubelles renversées sur les routes et enflammées pour certaines. Après un dernier tour dans le centre-ville, le cortège se disperse, sans interpellations.
Cette manif est la plus grosse depuis celle du 31 mars à Alès. Elle a vu de nombreux secteurs ou entreprises entrer dans la lutte ou réaffirmer leur refus de la loi travail (Axens à Salindres, Merlin Gerin, France Télecom/Orange, les cheminots etc.). Si les discussions sont riches et nombreuses dans ce contexte de lutte, la solidarité dans la mobilisation n’a échappé à personne. Ce jeudi 19 mai, nous avons éprouvé notre capacité commune à mener des actions et être solidaires les un.es des autres (notamment face aux provocations de la BAC), quels que soient les modes d’action choisis pour renforcer le rapport de force contre la Loi (du) travail.
Les centrales syndicales annoncent de nouvelles journées de grève et d’action pour le 26 mai et le 14 juin, il faudra évidemment y être présents. Mais il ne faut pas se limiter au calendrier syndical étalé dans le temps ou aux manifestations parsemées, et plutôt maintenir la pression en multipliant les grèves, les blocages, le ralentissement de l’économie, et en soutenant les nombreux secteurs et salarié.es déjà partis en grève.
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ASSEMBLÉE DE LUTTE tous les lundis à 18h30 à la bourse du travail d’Alès (place Georges Dupuy).
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