Dans la continuité d’une lente et irrésistible avancée idéologique depuis les années 1980, l’extrême-droite occupe de plus en plus le terrain des luttes. Elle a repris les manifestations de rue lors de l’instauration du PACS à la fin des années 1990 et plus encore contre l’extension du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels avec la loi dite du « mariage pour tous » en 2012-2013. Ces manifestations portaient alors clairement et uniquement des valeurs conservatrices et réactionnaires (homophobie, sacralisation de la famille…).
Plus récemment, elle s’est investie dans le mouvement des Gilets jaunes. Au-delà d’un soutien du Rassemblement National, vite freiné par la dimension insurrectionnelle du mouvement, les groupes et partis à sa droite (et notamment divers groupuscules fascistes) ont participé dans un premier temps au mouvement en tentant d’y diffuser leurs mots d’ordre : rejet de l’immigration, préférence nationale, appel à l’armée… et en cherchant à contrer, voire à attaquer physiquement les militants considérés de « gauche » ou antifascistes. Bien heureusement, la dynamique solidaire et égalitaire du mouvement les a mis en échec dans leur tentative de récupération. Ce qui c’est bien souvent soldé par des attaques de ces nervis contre les manifestations des Gilets jaunes, pensant imposer par la force leur idéologie.
Lors du mouvement contre le Pass sanitaire, l’extrême-droite est beaucoup plus présente : chacun à sa place, du soutien médiatique du RN aux actions coup de poing des groupuscules fascistes (comme les Identitaires, la Ligue du Midi ou des bandes de skinheads), en passant par les manifs respectables des Patriotes ou la présence massive dans les manifestations de groupes conspirationnistes diffusant leurs théories farfelues aux relents nauséabonds (fréquemment antisémites…). L’extrême-droite a cherché à imposer son hégémonie idéologique : orienter le discours vers un rejet des mesures sanitaires (masques, distanciation sociale, vaccin…) au nom de prétendues libertés individuelles. En réalité, derrière cette soit disant défense des libertés prend corps une nouvelle forme d’eugénisme chère au fascisme : le virus ne tuant « que » les vieux ou les faibles, les forts s’en sortiront. Les lois de la Nature (et/ou divines) seront préservées. Pour ce faire elle a imposé physiquement dans les manifestations et sur le champs théorique l’interdiction d’amener toute autre critique de la gestion de la pandémie et notamment de la logique qui guide les mesures gouvernementales : le primat de l’économie sur la santé publique. Se proclamant « nouveaux résistants », « défenseurs de la liberté », une extrême-droite composite a globalement pris le contrôle du mouvement. Le rôle de Réinfo Covid est déterminant dans cette entreprise. Cette officine cultive d’ailleurs ses proximités avec nombres de groupes d’extrême-droite voire fascistes : Manif pour tous, Civitas, Conseil National de Transition, Égalité et réconciliation… Continuer la lecture