Touche pas à nos allocs !

Quand l’État coupe les vivres des familles
d’élèves adeptes de l’école buissonnière…

Depuis une ordonnance datant de 1959, le versement des prestations sociales est subordonné à l’assiduité scolaire des enfants pour lesquels elles sont versées. Dans les faits, cette mesure ne s’applique pas, pesant seulement comme une menace sur les familles. L’État recense néanmoins les cas d’absentéisme scolaire, d’autant plus facilement que, dans les salles de classes, l’appel est désormais géré électroniquement. Le 29 septembre 2010, une nouvelle loi sur l’absentéisme scolaire est votée. Les directeurs d’écoles, collèges ou lycées doivent tenir au courant l’inspection académique des jours d’absence recensés. A partir de 4 demi-journées par mois, et après un premier avertissement, l’inspecteur saisit le directeur de la CAF qui se doit de suspendre les allocations à la hauteur de la part allouée à l’enfant fautif. La CAF prévient le président du conseil général et informe les parents des mesures « d’accompagnement » qui peuvent être mises en oeuvre, comme par exemple la signature d’un « contrat de responsabilité parentale  ». Ce contrat, imposé aux familles dont l’enfant a un comportement jugé anormal, permet la mise en place de dispositions punitives, notamment l’instauration d’un couvre-feu individuel. Les parents qui refusent de signer un tel contrat peuvent se faire couper les allocations pendant 3 mois. Le 21 janvier 2011 parait au journal officiel un décret «  relatif aux modalités de calcul de la part des allocations familiales suspendues ou supprimées en cas d’absentéisme scolaire  ». Différents ministères sont chargés de veiller à son exécution. Dès lors, ce qui n’était jusqu’à présent qu’une menace va devenir une réalité pour des familles qui ont souvent déjà du mal à avoir suffisamment pour finir le mois… Une fois de plus, l’État cherche à faire des économies sur le dos des pauvres.
«  L’instruction  » est obligatoire depuis 1882. Loin des idéaux « d’égalité des chances » et autres balivernes qu’elle est sensée incarnée, l’institution scolaire est un moule où les enfants apprennent à se soumettre à l’autorité, pour mieux devenir les travailleurs et les chômeurs de demain, dociles et disciplinés face au patron ou à l’administration. Grâce au profilage des élèves, permis avec la mise en place du fichage (fichiers Base-élève et Pronote) et du « livret de compétence », l’école permet également de faire le tri entre bons et mauvais éléments : entre ceux qui pourront commander, ceux qui seront commandés et ceux qu’il faudra surveiller. Nouveau crédo des politiques sécuritaires, la délinquance juvénile, dont le manque d’assiduité à l’école ferait le lit, sert de prétexte à tout un tas de mesures visant à accroitre le contrôle des populations dès le plus jeune âge. Le chantage aux allocs pèse sur les parents pour les contraindre à devenir les matons de leurs propres enfants devenus des criminels potentiels, pour ne pas être eux mêmes poursuivis et punis.

Il y a de nombreuses raisons de louper l’école (par exemple bloquer son lycée pour s’opposer aux offensives gouvernementales ou préférer l’apprentissage autonome que celui imposé par le ministère) qui ne seront jamais des «  motifs légitimes  » aux yeux de l’administration…

Pour notre part, nous n’acceptons aucun de leurs «  motifs légitimes  » de nous couper les vivres. Dès à présent, nous nous organisons pour résister à cette loi, en créant des solidarités locales et actives face aux administrations chaque fois que l’occasion se présentera.

Contact sur Alès et alentours : exploitesenerves-at-riseup.net

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