Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire », Gérard Noiriel

Dans une tribune publiée par le journal Le Monde (20/11/2018), le sociologue Pierre Merle écrit que « le mouvement des « gilets jaunes » rappelle les jacqueries de l’Ancien Régime et des périodes révolutionnaires ». Et il s’interroge: « Les leçons de l’histoire peuvent-elles encore être comprises ? »

Je suis convaincu, moi aussi, qu’une mise en perspective historique de ce mouvement social peut nous aider à le comprendre. C’est la raison pour laquelle le terme de « jacquerie » (utilisé par d’autres commentateurs et notamment par Eric Zemmour, l’historien du Figaro récemment adoubé par France Culture dans l’émission d’Alain Finkielkraut qui illustre parfaitement le titre de son livre sur « la défaite de la pensée ») ne me paraît pas pertinent. Dans mon Histoire populaire de la France, j’ai montré que tous les mouvements sociaux depuis le Moyen Age avaient fait l’objet d’une lutte intense entre les dominants et les dominés à propos de la définition et de la représentation du peuple en lutte. Le mot « jacquerie » a servi à désigner les soulèvements de ces paysans que les élites surnommaient les « jacques », terme méprisant que l’on retrouve dans l’expression « faire le Jacques » (se comporter comme un paysan lourd et stupide). Continuer la lecture

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Qui sont et que veulent les « gilets jaunes » ? Entretien avec Benoît Coquard

Se fondant sur ses recherches antérieures et sur une enquête en cours, Benoît Coquard se propose dans cet entretien de décrire et d’interpréter sociologiquement le mouvement des « gilets jaunes », dont le prochain temps fort aura lieu demain 24 novembre.

Il donne en particulier à voir l’ancrage du mouvement dans les classes et les sociabilités populaires, les raisons d’agir et les logiques d’action des participant·e·s, et plus généralement le caractère éminemment politique de la contestation en cours, non dans un sens restreint – c’est-à-dire partisan – du mot, mais au sens où elle exprime publiquement – à partir de la question des taxes sur le carburant – une fronde généralisée contre la dégradation des conditions de travail et d’existence de la majorité de la population. 

Sociologue, Benoît Coquard travaille depuis plusieurs années sur les milieux ruraux, et est membre du CESAER (INRA, Dijon).

 

Tu es sociologue, spécialiste des classes populaires rurales, et tu étais sur un barrage le 17 novembre dans le cadre de la mobilisation des « gilets jaunes ». Peux-tu nous dire d’abord quelques mots sur les raisons et les conditions de cette observation mais également sur le contexte territorial que tu connais bien pour y avoir consacré ta thèse ?

J’ai passé ma journée de samedi à parler à des gens sur des barrages dans des cantons ruraux plutôt en perte de vitesse qui perdent des habitants, ont été désindustrialisés, privés des services de proximité. C’est là que se concentrent les classes populaires et que l’utilisation de la voiture est impératif afin d’avoir un travail et une vie sociale. Par la suite, je vais suivre le mouvement dans la durée pour avoir un peu de recul sur ce qui est à mon sens une mobilisation exceptionnelle, surtout dans ce type d’endroit.

Commençons par la sociologie du mouvement : qui était présent sur le barrage en termes de propriétés de classe, de genre, ethno-raciales et d’âge ?

Je vais prendre des pincettes sur ce sujet parce que je me base seulement sur mes observations, forcément partielles. Ce qu’on peut dire assurément, c’est qu’il y a beaucoup de monde, alors même que l’on se trouve dans des milieux ruraux peu peuplés et peu enclins à se mobiliser en temps normal. Les participants eux-mêmes sont surpris devant l’ampleur et la multiplicité des points de blocages dans des zones où l’on dit entre habitants qu’il ne « se passe jamais rien ». Aussi, je n’ai pas repéré, comme disent les journalistes, de « portrait robot » du « gilet jaune ».

Là où je me risquerais un peu plus, c’est sur les milieux sociaux les plus représentés parmi les mobilisés, c’est à dire ceux qui ont passé une grande partie de leur journée sur un barrage (tandis que d’autres ont simplement posé le gilet jaune sur le tableau de bord ou liké les pages Facebook). En utilisant un indicateur forcément trop aléatoire, j’ai demandé la profession d’environ 80 personnes. Dans une région déjà très ouvrière, à 9 exceptions près (professions intermédiaires du privé, artisans, agriculteurs), celles et ceux que j’ai rencontrés appartiennent sans surprise aux classes populaires. Typiquement, il s’agissait de femmes employées et d’hommes ouvriers. Puisqu’on était samedi, c’était surtout des gens qui travaillent dans les grandes boites et qui étaient en weekend, il y avait aussi des chômeurs. D’autres salariés des petites entreprises les ont rejoints dans l’après-midi après le travail. Continuer la lecture

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Rassemblement au tribunal contre le fichage ADN

PROCÈS contre H.
REFUS de PRÉLÈVEMENT ADN
VENDREDI 23 NOVEMBRE – ALÈS.
RASSEMBLEMENT DEVANT LE TRIBUNAL DÈS 9H

 

Face à l’expansion massive du fichage génétique permettant une certaine gestion de la population, il est légitime de refuser la prise de notre ADN. En refusant le fichage ADN, je deviens un petit caillou dans un rouage bien huilé où le fichage génétique est devenu logique.
Aujourd’hui, que l’on soit un « grand criminel », que l’on vole par nécessité, ou simplement que l’on soupçonne quelqu’un de délit, nous sommes soumis à la prise de l’ADN. Photos, empreinte digitale, empreinte génétique…
Identifier, ficher, gérer : notre société classifie ce qu’elle considère comme « déviant ».
Il est édifiant de savoir que l’on demande l’ADN pour des condamnations de vol par nécessité, et non pour les délits financiers !
Le fichage ne résoudra en rien les problèmes de pauvreté et ce qui en découle… La justice prétend ficher pour faire chuter la petite délinquance et pourtant c’est le fichage en lui-même qui nous transforme en délinquant !

RENDEZ-VOUS DEVANT LE TRIBUNAL D’ALÈS DÈS 9H !

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Permanences Exploités-Énervés

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Fichage ADN : Harcèlement judiciaire

Verdict le 8 novembre !

Le 25 juillet 2014, Patrick est verbalisé par la gendarmerie pour détention et usage de stupéfiants (des pieds de cannabis). Au cours de son audition à la gendarmerie, il refuse de se soumettre au prélèvement ADN. Il comparaît au tribunal de Mende le 2 octobre 2014, écope de 600 € d’amende pour le cannabis et est relaxé pour l’ADN. Le procureur général fait immédiatement appel de la décision. Patrick est convoqué à la cour d’appel de Nîmes le 28 mai 2015, il est cette fois-là condamné à 1000 € d’amende pour le cannabis et à 2 mois de prison avec sursis pour le refus de prélèvement ADN. Il dépose un pourvoi en cassation, le 26 novembre 2015, sa demande d’aide juridictionnelle est rejetée, il dépose un recours contre cette décision, qui sera rejeté le 22 mars 2016. Continuer la lecture

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Manifestation contre la loi immigration et les politiques migratoires sécuritaires !! – Samedi 9 juin – Alès

Toutes et tous à Alès pour le retrait de la loi Asile et Immigration!!

Régularisation et liberté de circulation !! Liberté pour Moussa!!

MANIFESTATION SAMEDI 9 JUIN

Départ 17h devant le Cratère à Alès

Tract d’appel à lire ici

 

 

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Rassemblement devant le Conseil Départemental – jeudi 7 juin à 8h30 – Nîmes

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Collomb à Saint Ambroix

Nous étions un petit groupe présent dans le centre ville de Saint Ambroix avec nos banderoles et notre détermination. Nous avons pu distribuer plusieurs centaines de tracts (voir en pièce jointe) aux personnes présentes à cette heure d’affluence, et lorsque l’hélicoptère transportant le ministre de l’intérieur Collomb à atterrit, nous nous sommes fait entendre et voir de celui-ci. Un autre groupe de solidaires était également présent lors de son arrivée à l’aéroport de Nîmes-Garons le matin même, revendiquant la liberté de circulation et la liberté pour Moussa, toujours enfermé à Lyon. Même si ces actions ne changeront évidemment pas à elles seules la politique migratoire répressive menée par le gouvernement, nous avons au moins pu marquer clairement notre opposition face à celle-ci. On ne lâche rien !!

RDV le samedi 9 juin à 17h à Alès (départ Cratère)
pour manifester contre la loi asile immigration et les politiques répressives.

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